État des connaissances sur la préhistoire et l'histoire des recherches en vallée de la Somme (XIXe-XXIe siècles)
22-24 nov. 2018 Abbeville (Somme) (France)
Préhistoire et géologie du Quaternaire à Abbeville, une histoire commune, de Boucher de Perthes et Prestwich à aujourd'hui.
Jean-Jacques Bahain  1@  , Pierre Antoine  2, *@  
1 : Muséum National d\'Histoire Naturelle  (MNHN)  -  Site web
Museum National d'Histoire Naturelle
57, rue Cuvier - 75231 Paris Cedex 05 -  France
2 : Laboratoire de Géographie Physique: Environnements quaternaires et actuels. UMR 8591
CNRS-Université Paris 1-UPEC
1 Place Aristide Briand, 92195, Meudon, -  France
* : Auteur correspondant

Les gisements paléolithiques associés aux formations fluviatiles fossiles des terrasses de la Somme à Abbeville ont joué un rôle considérable dans la reconnaissance de l'ancienneté de l'Homme et dans l'émergence de la géologie du Quaternaire. En effet, dès la fin du XVIIIe siècle, les travaux menés par la Société d'émulation d'Abbeville furent à l'origine de l'émergence d'études naturalistes dans la vallée de la Somme portant sur la Préhistoire. C'est au sein de cette société savante que Jacques Boucher de Perthes initia dès 1837 ces recherches sur les célèbres localités de Menchecourt, de l'Hôpital et de Moulin Quignon. Ces observations furent rapidement confirmées par des géologues, tels que Gaudry, Buteux ou Prestwich. C'est ce dernier qui fit connaître les gisements abbevillois en Angleterre et ses observations furent utilisées dès 1859 par Lyell pour démontrer l'antiquité des vestiges archéologiques qui avaient été récoltés sur ces localités. Un temps freinées par la controverse liée à la découverte des restes humains de Moulin Quignon (1863-1864) qui décrédibilisa cette dernière localité, les recherches menées dans la vallée de la Somme, et en particulier à Abbeville, ne tardèrent pas à reprendre. Toutefois, si les travaux menés par d'Ault du Mesnil de 1875 à 1898 eurent le mérite de remettre au premier plan l'importance archéologique des gisements abbevillois et de laisser entrevoir la complexité de leurs enregistrements quaternaires, l'imprécision géographique et stratigraphique découlant de ces rares écrits et l'abandon progressif des différentes gravières jetèrent un discrédit important sur ces découvertes et les observations stratigraphiques associées. Les recherches menées par Victor Commont à la Carrière Carpentier entre 1904 et 1918, caractérisées au contraire par l'excellence des données stratigraphiques et iconographiques qu'il produisit pour chacun des sites étudiés, et en raison de l'absence de découvertes archéologiques dans les niveaux fluviatiles, allaient encore renforcer les doutes des préhistoriens concernant les témoignages d'Ault, malgré les efforts déployés par l'abbé Breuil pour concilier ceux-ci et les observations de Commont. Entre les deux guerres mondiales, Breuil et Aufrère reprirent l'étude des gisements abbevillois alors encore accessibles, tentèrent d'en assurer la préservation, via le rachat et le classement des rares témoins stratigraphiques encore en place dans les carrières Carpentier et Léon. C'est dans ce contexte que s'inscrivent les nouvelles recherches menées depuis le début des années 2000 par les équipes CNRS-MNHN-INRAP sur la région d'Abbeville. Outre la (re)découverte des sites de Moulin Quignon (2016-2017) ou encore de Caours (2002 – en cours), les études pluridisciplinaires modernes ont débouché sur de nombreux résultats inédits concernant la géologie, la paléontologie, la préhistoire et la datation absolue des dépôts des terrasses de la région d'Abbeville et des sites paléolithiques associés. Ces travaux contribuent à la réhabilitation des sites d'Abbeville et plus largement de la Vallée de la Somme en tant que «Berceau de la Préhistoire » au niveau international.


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