État des connaissances sur la préhistoire et l'histoire des recherches en vallée de la Somme (XIXe-XXIe siècles)
22-24 nov. 2018 Abbeville (Somme) (France)
Boucher de Perthes, Religion et préhistoire
Marie-FranÇoise AufrÈre  1@  
1 : COFRHIGÉO
Comité français d\'histoire de la géologie, Comité français d\'histoire de la géologie, Comité français d'Histoire de la Géologie
77 rue Claude Bernard 75005 Paris -  France

Les Antiquités celtiques et antédiluviennes (1849, 1857, 1864) de Boucher de Perthes (1788-1868), l'un des ouvrages fondateurs de la préhistoire, est un mélange de science et de religion.

 

Jacques Boucher de Perthes, directeur des douanes à Abbeville, avait le projet de renouveler le christianisme avec la métempsycose. La dernière forme animale que nous avons prise juste avant de prendre forme humaine était, peut-être, celle d'un éléphant. Ainsi, un tel passé nous donne l'espoir de nous transformer à nouveau à l'avenir, et de devenir des anges.

 

Boucher de Perthes était sans formation scientifique mais, en tant que président de la Société d'Émulation d'Abbeville, il avait connaissance des débats sur l'homme fossile. Il a alors imbriqué deux problématiques, une problématique scientifique et une problématique religieuse, en faisant entrer celui qu'il a appelé « l'homme antédiluvien » dans sa problématique religieuse. L'association de ces deux problématiques s'est révélée scientifiquement fécond. Elle l'a conduit à croire à l'existence de l'homme antédiluvien et, en se faisant aider par des géologues et des paléontologues de la Société d'Émulation, à trouver des preuves de son existence associée à des ossements d'éléphant dans les sédiments de la vallée de la Somme. Il a constitué la première collection d'objets paléolithiques.

 

« L'homme antédiluvien n'est plus une créature de mon imagination » a-t-il déclaré à la fin de sa vie. L'ancienneté de l'homme a été ainsi démontrée par un douanier imaginatif. Son destin, loin d'être une bizarrerie historique, montre que la genèse de la découverte scientifique est parfois loin d'être rationnelle. L'imagination de l'homme ayant peur de la mort et cherchant à donner un sens à sa vie peut y conduire. 


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