Depuis l'instauration de la République dans l'ancienne Principauté de Neuchâtel, ce petit territoire de 800 km2 a été exploré archéologiquement de manière extrêmement intensive et presque continue. Engagés selon des perspectives heuristiques très variées, ces travaux d'une grande diversité thématique ont livré une densité extraordinaire de connaissances, qui servent souvent de référence à une échelle bien plus large, comme en témoigne notamment le grand nombre de sites éponymes pré- et protohistoriques neuchâtelois.

Notre communication interrogera le rôle de l'ancrage citoyen de la préhistoire dans ce processus. Dès la Révolution de 1848, il apparaît en effet que la conscientisation publique pour la cause patrimoniale a largement contribué à la reconnaissance, à la sauvegarde et à la valorisation scientifique d'innombrables vestiges. Depuis un siècle et demi, pourtant, ce sont des savants "immigrés" qui ont conduit l'essentiel des recherches archéologiques neuchâteloises. Et par contraste avec d'autres cas d'école, comme la Bretagne ou la Dordogne, le pays de Neuchâtel n'accorde pas à l'archéologie une place significative ses propres représentations identitaires.

En conclusion, notre communication visera donc une double distinction opératoire, pour ce qui touche à cet ancrage social de l'archéologie. Entre une identification thématique et une reconnaissance transversale pour la cause patrimoniale d'une part; entre un outil d'autoreprésentation et un vecteur de rayonnement d'autre part.