État des connaissances sur la préhistoire et l'histoire des recherches en vallée de la Somme (XIXe-XXIe siècles)
22-24 nov. 2018 Abbeville (Somme) (France)

Un état des connaissances

La vallée de la Somme est depuis le XIXe siècle un terrain de première importance pour les problématiques relatives à la connaissance des peuplements et comportements à la préhistoire, que cela concerne les premiers peuplements comme les périodes plus récentes.

Les travaux scientifiques et historiques portant sur la vallée de la Somme et ses terrasses sont nombreux et ont fourni, ces dernières années, des données de première importance.

Depuis plusieurs décennies, les recherches menées sur le terrain, fortement stimulées par les opérations d’archéologie préventive, fournissent un grand nombre de données inédites qui permettent, entre autres, de préciser le cadre chrono-stratigraphique et culturel de la préhistoire de cette région, au regard de celles acquises dans le reste de la France ou dans les pays limitrophes.

Après avoir joué, au milieu du XIXe siècle, un rôle majeur dans la reconnaissance de la préhistoire en tant que discipline scientifique, le bassin de la Somme reste toujours au cœur des problématiques et des recherches sur les premiers peuplements humains en Europe du nord-ouest. Le cadre géologique, chronologique et paléoenvironnemental régional établi à partir des formations fluviatiles et éoliennes est, à ce jour, l’un des mieux connus au monde pour le dernier million d’années.

Ces dernières années, les recherches sur la préhistoire ancienne ont porté sur les premiers peuplements acheuléens (carrières Carpentier et Léon, Moulin Quignon à Abbeville) et sur le gisement de Caours qui livre des informations fondamentales sur l’environnement et les comportements de subsistance des Néandertaliens du dernier interglaciaire. Notre connaissance sur le Paléolithique supérieur est particulièrement bien documentée avec les nouvelles recherches menées sur le gisement gravettien d’Amiens-Renancourt qui livre de nombreuses statuettes féminines en craie, datées de 27 000 ans. Les occupations du Paléolithique final (Belloy-sur-Somme, Saleux, Conty…) et du Mésolithique (La Chaussée-Tirancourt, Hangest-sur-Somme…) ont fait l’objet de nombreux travaux synthétiques qui ont permis de situer de manière précise les occupations archéologiques dans leur contexte paléoéconomique, environnemental et culturel. Les études plus ponctuelles réalisées sur les sites néolithiques (Conty, Villers-Carbonnel, Bettencourt-Saint-Ouen…) ou protohistoriques témoignent d’un riche potentiel régional qui reste encore à exploiter pour une meilleure connaissance des peuplements récents de la vallée de la Somme à l’aube des temps historiques.

Ce territoire occupe également une place à part dans les études historiques portant sur les sciences de l’Homme et spécialement la construction de la préhistoire depuis le milieu du XIXe siècle. Autour des années 1850-60, la vallée de la Somme fut un des lieux de cristallisation des nouveaux questionnements autour de la haute antiquité de l’Homme. Certaines figures locales, comme Jacques Boucher de Perthes, ou sites, comme Saint-Acheul ou Moulin Quignon, représentent autant de jalons, qui mériteraient d’être réinterrogés à l’aune des derniers résultats de la recherche historienne. Au-delà des aspects strictement factuels ou biographiques, les découvertes faites à Amiens et Abbeville et leurs acteurs (locaux, nationaux, français, anglais) ont joué un rôle essentiel sur le plan épistémologique en orientant les pratiques et concepts fondateurs des sciences préhistoriques en Europe.

Objet scientifique, la préhistoire en vallée de Somme est aussi un objet patrimonial que ce soit à travers ses sites ou ses collections archéologiques dispersées en France et à l’étranger. En effet, ces pièces ont longtemps servi d’arguments et de vecteurs de communication au profit de la préhistoire émergente. Le mouvement actuel de valorisation de ces collections dites « historiques » est source de nouvelles problématiques scientifiques dans une perspective totalement pluridisciplinaire associant préhistoriens, historiens, archivistes, conservateurs. L’apport de l’histoire de l’archéologie préhistorique à la connaissance actuelle en préhistoire est une des questions vives.

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Ce colloque pluridisciplinaire se fixe pour objectif premier d’établir un état des connaissances et des questions actuelles dans les domaines des études préhistoriques et de l’histoire de la préhistoire, à partir des travaux conduits et des découvertes réalisées. Il entend participer à la construction d’un point d’étape mais aussi mettre en lumière les interactions récentes et fructueuses entre préhistoire et histoire sur le plan de la recherche et de la valorisation des collections.

En complément, ce colloque sera l’occasion de se pencher sur la question de la préhistoire dans la cité, c’est-à-dire sur son ancrage territorial et social. Le chantier archéologique est souvent une réalité urbaine et appartient donc au quotidien des habitants d’Abbeville ou d’Amiens. L’appropriation passée et présente de la préhistoire par les populations locales – dès les années 1850 se développe un tourisme préhistorique – ou à travers des infrastructures de diffusion des connaissances (jardin archéologique de Saint-Acheul, Parc de Samara) est un phénomène à prendre en considération.

Il mérite d’être interrogé selon des perspectives variées (patrimonialisation, découpage territorial, médiation, offre culturelle et touristique, développement économique, implication des collectivités locales, etc.) et à travers une approche comparative, à une échelle géographique plus large. La question de l’intégration du patrimoine préhistorique dans l’économie et le tissu social des régions ayant joué un rôle phare dans la formation et le développement de la préhistoire constitue en soi une question qui permettra de confronter les expériences diverses (grottes ornées en Nouvelle Aquitaine ou en Occitanie, monuments mégalithiques en Bretagne, etc.).

Trois thèmes généraux sont donc définis pour cet appel à communications :

1. La vallée de la Somme comme référence dans la connaissance des peuplements et comportements à la préhistoire.

2. La vallée de la Somme comme modèle au XIXe siècle dans la construction de la préhistoire en tant que discipline.

3. La préhistoire (science, sites, collections, patrimoine, diffusion) comme élément structurant et de développement des territoires.

 

 

 

   

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